Canopée
acrylique sur toile de lin
2024
92x65 cm
à propos de Canopée...



Sous la canopée, dans son épaisseur, déjà vingt-cinq pour cent au moins
de lumière est perdue.

Là on se repose de la chaleur d’été,
L’esprit fait une pause dans l’ombre qui se perçoit.

On pourrait entendre des oiseaux le babille
Et le bourdonnement des insectes se répand alentour.

Un souffle léger, le feuillage bouge, se frôle.

Les branches ondoient lentement, s’usent en un long mouvement qu’une
plainte grinçante parfois fait entendre

Le temps perd son importance, la voûte nous recouvre, le jour s’y dilue,

Restons encore un peu à regarder ce ciel de sixtine, à prolonger le songe
d’un trio de Mendelssohn.




triptyques-flânerie
acrylique sur toile de lin
2024
80x80 cm
à propos de triptyques-flânerie ...



Regarder longtemps une peinture peut se transformer en une flânerie
sans but.

L’esprit qui ralentit sa course à travers le tableau finit par être englouti
dans un brouillard de flou

Et l’œil égaré commence à inventer une histoire en fixant une partie de
l’image, impliquant, malgré cela, la totalité de l’espace pictural

Voilà comment se développent les triptyques qui s’accordent bien avec
l’idée de flânerie.

L’idée du temps dépassé, de la pensée apaisée, de la représentation d’un
espace restreint, une sorte d’intériorité, d’entrelacs, et une ouverture vers
un extérieur inconnu, blanc.

Les triptyques s’imposent en plus par manque d’espace pour étendre ma
peinture sur des grands formats dans lesquels je voudrais emmener mes
regardeurs.

Les triptyques sont un mystère comme celui que vit l’écrivain dont le
personnage échappe au contrôle de sa volonté et s’épanouit
indépendamment dans l’espace du roman de son début jusqu’à sa fin.

jaune









orange










les monts
acrylique sur toile de lin
2024
80x80 cm
      à propos des monts...



J’admire le rougeoiement de la roche en feu qui me fait penser à la montagne sacrée parce que couleur des petits buvards de la révolution chimique.

Et je suis fasciné par la pâleur spectrale des après-midis froids et brumeux du paysage dénudé de la montagne magique. Le blanc cireux de la mort au centre de l’expérience du jeune Castorp.

Telle est la différence entre le voleur dépravé héros psychédélique en quête d’absolu et d’immortalité et l’ingénieur Castorp à la jeunesse innocente qui devra faire des choix éthiques et esthétiques dans la communauté sociale et philosophique très fermée du sanatorium Berghof.

Les deux œuvres sont initiatiques.

A ces deux-là j’ajoute le mont vert qu’il m’inquiète d’imaginer sans quoi je resterais frustré de ne pas pousser plus loin le fantasme.

Cette montagne-ci, que l’on dirait Transylvaine, est couverte d’épaisse verdure d’une profonde obscurité humide. Elle m’emporte vers les mystères vampiriques du comte Dracula et les malheurs du pauvre Jonathan Harker, alors que le ciel sans nuages dans lequel elle se dresse a la sérénité d’une eau pure, comme pour les deux précédentes.

Les trois tableaux forment une trilogie symbolique des saisons immuables, de la puissance tellurique de la planète indestructible et de la finitude de la vie et par conséquent de l’inéluctabilité de la mort, sans l’apport d’oxygène pour conquérir l’inatteignable sommet.

Sauf pour Alléluia Cone








mont jaune
acrylique sur toile de lin
2024
95x62 cm
à propos de mont jaune...



Liberté maintenant

Je prends ces montagnes de carmin et de ciel d’eau

Parcourues de mille rus
Qui deviendront torrents impétueux et meurtriers dévalant la roche nue
Et que les paysages en seront défaçonnés pour une éternité

Et je prends cette végétation touffue riche de mille futaies
De sapins, de châtaigniers et de chênes protecteurs
Pour disparaître s’y cacher en maquis

Je vois bien ces deux oreilles courtes et droites à l’orée des grands bois
Aux confins du mont jaune des cytises odorants
Et les herbes savoureuses qui donnent à la salive un goût de frais.

Mais la liberté plutôt que l’enclos.

La liberté plutôt que la longe, même longue distendue
La liberté comme un combat, même au sang qui coule

Et qu’à l’aube la mort à force d’avoir lutté, et forcé et rué.

Mais quelle disparition, épuisée de liberté

Trésor de vie

Liberté chérie




églantines
acrylique sur toile de lin
2024
92x65 cm
   à propos d'églantines...



Délicates églantines

J’ai le goût dans la bouche des baklavas mielleux au doux parfum des fleurs de l’églantier et des fines couches de pate qui fondent dans la bouche. C’est exquis

Dans le jardin il y a un églantier, un buisson dense et impénétrable et sauvage.

Ses tiges dressées arquées, fleuries de petites roses sauvageonnes, viennent fouetter ma fenêtre les jours de grand vent.

Quand le vent agite le bosquet en tous sens les pétales blancs et soyeux sont déchirés en dix par les épines acérées, avant que d’être fanées et emportées.

Seules restent alors les baies rouges à prendre la gelée d’hiver qui leur donnera le goût suave d’une bouchée de baklava.














parterre
acrylique sur toile de lin
2024
80x80 cm
à propos de parterre...



L’idée de parterre a été d’organiser la dramaturgie de l’espace en
opposant et en confrontant la profondeur des fonds et l’accumulation des
formes des premiers plans dans les tableaux.

De l’abstraction je garde l’informel et une organisation de la
représentation d’une nature qui vit de son propre mouvement et du
hasard de la dispersion des pollens soumise aux caprices du vent.

Le parterre est sans limites, on pourrait s’y étendre comme dans une
jachère fleurie, y laisser son esprit se répandre et sortir de la réalité avec
une insouciance juvénile et s’abandonner aux seules émotions qui nous
submergent à cet instant.

Il n’y a pas de ciel, il est au-dessus de nous. Parfois on en voit une trace
évoquée dans le fond du tableau, comme une sorte de reflet dans un
miroir. Un souvenir éphémère de la multidirectionnalité de l’espace quand
on le regarde selon des points de vue différents.

C’est ce qui se passe dans l’architecture moderne quand il arrive qu’on
passe sous un bâtiment construit sur pilotis, par exemple.

Le bouleversement des sens.







Fleurs bleues
Acrylique sur toile de lin
2024
80x80 cm
à propos des fleurs bleues ...



L’idée m’était en tête depuis longtemps, peindre des fleurs bleues, des
pensées des fleurs d’hortensia, des petites fleurs des champs si
nombreuses à pousser obstinément jusque dans les moindres fissures de
l’asphalte et du béton rétractés,

Pas une copie ni une reproduction comme les fameux hibiscus qu’Andy
Warhol avait volés, mais une fleur sans traces et sans mesure, sur un
fond uniforme que l’on pourrait voir énorme occupant tout l’espace, ou
bien imaginer petite et isolée émergeant d’une faille.

On en voit maintenant, qui se répandent un peu partout dans les jardins
laissés en friche aussi bêtement que du temps où ils étaient tondus pour
faire des pelouses sans défauts.

On les voit refleurir, ces myosotis et belles véroniques qui n’ont d’autre
intérêt justement que d’être belles et qui m’enchantent chaque printemps
et chaque été suivant.








les roses
acrylique sur toile de lin
2024
80x80 cm
        à propos des roses...



J’ai associé des formes informelles et des mouvements colorés
Pour donner au tableau de nouvelles dimensions.
Un agrandissement aux confins de la toile qui domine
L’objet floral et fait apparaître des nouvelles sensations.

Changer les choses avec des bouquets de roses, chantait l’aède créole.
Les roses ont fané et rien n’a vraiment changé.
Pétales et corolles sont tombés et rien n’est arrivé qu’un peu de socialisme durant le temps d’une rose.

C’est un peu le souvenir de ce temps que j’exprime dans cette trilogie des
roses. Cet espoir de changement de la vie et de la société qui avait porté
le monde des années soixante-dix.

En arrière-plan dissimulé presque effacé, il y a le paysage déstructuré. Il
en reste des traces et c’est cela, je pense, qui donne aux tableaux un
certain réalisme et qui les resitue dans la peinture entre expressionisme
et abstraction.








winter
acrylique sur toile de lin
2023
80x80 cm
       à propos de winter...



D’un regard circonscrit au carré du tableau je fais l’état des lieux de l’hiver qui approche et de la fin de l’année.
Tout a chu du haut des arbres et le sol est jonché de ces fiers feuillages qui hier encore bruissaient dans le vent chaud et maintenant le recouvrent comme d’un grand tapis d’or, de vert et de violet, décomposé après l’effeuillage par une de ces féroces tempêtes d’automne.

Dans ce carré de peinture on ne retrouve plus ni le sens ni l’ordre des choses qui l’été avaient enchanté nos regards harassés de chaleur.

Ce regard, qu’on avait, quand enfant on se cachait à travers les fourrés, dans les haies du jardin pour disparaître de la vue des grands et y vivre plein d’aventures extraordinaires et qui nous a fait aimer pour toujours ce morceau de nature tant il était notre monde.

Devenus grands nous-mêmes, on peut encore s’y réfugier pour méditer un temps et se laisser porter aux souvenirs d’antan et aux rêves d’avenir.

Il suffit pour ça d’un peu d’imagination !









révolution
acrylique sur toile de lin
2023
100 cm X 100 cm
à propos de révolution...



Ceci est une révolution. Ce n’est pas la Révolution, mais quand même.
Révolution est un mouvement violent et circulaire qui nous projette à l’extérieur du carré par l’effet centrifuge dû au changement de format et à l’utilisation d’une spatule beaucoup plus grande que d’habitude.

L’expulsion transforme immédiatement l’espace picturale en paysages variés qui n’ont plus du tout d’orientation. C’est assez captivant.

Une ivresse nous saisit face à ces quatre faces qui décomposent l’espace en paysages différents et complémentaires, le tableau pouvant être tourné de 90°, régulièrement.

Cela crée un tourbillon de matières et de surfaces offrant une belle somme d’émotions abstraites. On essaie de conjurer le malaise en fixant un repère qui ne bougerait pas tout en cherchant à retrouver un équilibre et à maitriser le sentiment du vide qui nous entoure au-delà du paysage.

Il n’y a là rien de mystique prédisant une quelconque catastrophe.

Je pense plutôt à une expression de la nature qui nous fait savoir, parfois, combien la terre bouge en ses profondeurs comme à sa surface, avec une puissance face à laquelle nos quelque trente mille milliards de tonnes de constructions ne pèsent pas lourd.

Quand l’équilibre des plaques est rompu pendant leur lent glissement tectonique et que la terre tremble, il peut ne plus rien rester d’identifiable en tant que construction humaine.

Retour au chaos Ovidien d’avant les humains.