Ce tableau est une construction abstraite faite à la spatule, tout en bleu et blanc, avec un peu de couleur. La toile est très empâtée, Il y a une saturation de matière, résultat d'une recherche libre et désordonnée d'équilibre et d'harmonie. À l'issue de cette recherche il était évident que ce tableau représentait la situation du bateau d'Alain Colas confronté à la tempête qui devait l'emporter.
Au milieu du tableau, légèrement décalé sur la gauche, comme si le déchaînement des éléments ne permettait même plus de distinguer physiquement le centre de la toile, il y a une petite coque avec trois voiles qui se dressent fièrement pour affronter l'infinité, le destin d'un homme pas tout à fait comme les autres.
Ce petit décalage donne plus de vigueur au mouvement d'ensemble et dit aussi la vanité et la petitesse de notre état dans la nature.
Le dernier message enregistré d'Alain Colas nous dit peut-être ceci, qu'il y a des aventures ultimes que certains hommes entreprennent dans une solitude infinie et avec un courage inconscient pour être, au bout de leur vie, totalement intégré dans ce processus d'être et de non-être que la vie nous impose.
Il n'y a plus de questions parce qu'il n'y a jamais eu de réponse.
«Je suis dans l’œil du cyclone. Il n’y a plus de ciel, tout est amalgame d’éléments, il y a des montagnes d’eau autour de moi... »
Alain Colas : dernier message le 16 novembre 1978 à 4h du matin