Pendant ce printemps confiné et sans fête, j’ai improvisé des jeux de formes et de couleurs dans des espaces désordonnés remplis de fleurs offrant leur calice au souffle tourbillonnant du vent.
Fragiles floraisons qui s’étiolent rapidement et disparaissent sans éclats dans la masse confuse de la peinture de ces jardins abstraits. Des jardins envoûtant tant les parfums semblent exhaler de la végétation, tant une certaine chaleur et une humidité toute charnelle semblent s’en dégager.
Cependant les tableaux ne sont pas qu’une évocation naïve des fêtes du printemps, ces floralies anciennes qui faisaient perdre la tête aux dieux et permettait à Titus et à Bérénice d’entrevoir un destin plus heureux que celui d’une inéluctable séparation.
Ils proposent aussi une réflexion sur la nature dont nous nous sommes éloignés depuis longtemps. Une nature qui disparaît, livrée aux appétits insatiables de nos consommations destructrices.
Ils parlent aussi du repli de notre société qui se recroqueville sous les peurs conflictuelles et de l’isolement de chacun envers les autres. On ne se regarde plus vraiment et l’on agit le plus souvent dans un but égoïste tout en se demandant dans quel monde on vit.
Aurions-nous perdu jusqu’au sens de la fête, même s’il nous reste en mémoire de bien belles parties de campagne ?