Les paysages incertains forment une série qui suit une règle de couleur et une gestuelle pour aboutir à une somme d’improvisations de paysages qui naissent de la trace qu'imprime la spatule sur le tableau et du regard qui en identifie la forme.
La couleur unique, le vert de vessie, est employée avec du blanc de titane qui sert de révélateur pour que la lumière soit.
Les variations d‘épaisseur et de teinte du vert de vessie offrent une palette de nuances extrêmement variées et complexes en se liant au blanc. Cela forme la trame poétique du voyage dans le tableau sublimée par le monochrome qui, un peu comme sur les anciennes photos sépia, confère une note de nostalgie à l'ensemble. Comme si tous ces paysages donnaient la sensation fugace d'un autre temps.
Les paysages sont construits à partir de gestes horizontaux qui ordonnent des plans, des masses ou des lignes dans l'espace et créent ainsi une profondeur, une échelle et des distances.
Le rapport à l’espace qui s’en dégage permet de mesurer l‘étendue des paysages et de créer une temporalité donnant du mouvement à l‘ensemble, une histoire à lire.
Le temps de la réalisation des 100 tableaux, à peu près quatre ans, joue aussi un rôle important dont il faut tenir compte pour mesurer l’évolution technique et les différents chemins qu'ont pris les improvisations.
Et même si certains paysages semblent se répéter, ce sont toujours des nouveaux tableaux qui se sont succédé à mesure que j'inversais les premières couches de blanc ou de vert. Il y a ainsi une forme de continuité dans la suite qui ne pourrait s'appréhender qu'en exposant tous les tableaux sur une ligne, dans un espace assez grand.